Sangliers radioactifs : légende ou vérité ?
Sangliers radioactifs : légende ou vérité ?
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Sangliers radioactifs : légende ou vérité ?

N’allongeons pas davantage le suspense : oui, il y a bel et bien des sangliers radioactifs ! Les chercheurs ont même baptisé ce phénomène « le paradoxe du sanglier ». Cependant, il reste à élucider les raisons derrière cette occurrence singulière, ainsi que la question de savoir si elle n’affecte que les sangliers. Cet article offre une analyse exhaustive de cette problématique.

Sangliers radioactifs : légende ou vérité ?
Sangliers radioactifs : légende ou vérité ?

Lorsqu’on parle de radioactivité, on évoque inévitablement le domaine nucléaire…

L’explosion de Tchernobyl, le plus grave accident nucléaire de l’histoire, a eu des conséquences tragiques, avec un bilan de décès estimé entre 35 000 et 150 000 personnes. Cette catastrophe s’est produite dans le nord du plateau ukrainien, une région où de vastes étendues de forêts de conifères alternent avec de vastes prairies verdoyantes. Théoriquement, les habitations sont interdites dans un rayon d’une centaine de kilomètres autour du site de la catastrophe, mais en réalité, environ 3 à 4 mille personnes y vivent.

En plus des pertes humaines, l’environnement naturel a également été gravement affecté. Les fortes doses de radiations ont provoqué la mort des arbres, dont les feuilles sont devenues rousses, d’où le surnom de « forêt rouge » donné à ces paysages. Peu d’animaux ont survécu à ces conditions.

C’est dans ce contexte que la découverte de sangliers radioactifs en Bavière a suscité des interrogations, et l’on a initialement attribué ce phénomène aux retombées de la catastrophe nucléaire russe. Toutefois, des analyses plus approfondies ont conduit à une réévaluation de cette explication.

Pour comprendre l’origine de ce problème, un peu de chimie est nécessaire

Certains sangliers du sud de l’Allemagne présentent effectivement une radioactivité plus élevée que d’autres espèces. Après l’accident de Tchernobyl, la contamination des cerfs et des chevreuils a diminué avec le temps, conformément aux prévisions des experts en radioactivité. Cependant, cette logique semble avoir échappé aux sangliers, dont les niveaux de radiation sont restés étonnamment élevés, largement supérieurs aux limites réglementaires.

En chimie, les isotopes sont des atomes ayant le même nombre d’électrons (et donc de protons pour rester neutres), mais un nombre différent de neutrons, ce qui leur confère une masse différente. Le césium (Cs), utilisé dans la technologie nucléaire, possède 40 isotopes connus, avec des nombres de masse variant entre 112 et 151. Parmi eux, on dénombre 17 isomères nucléaires, c’est-à-dire que la molécule a la même masse, mais une configuration différente de ses composants. Seul le césium 133 est présent dans la nature, et il est stable, donc sans danger pour les êtres vivants.

Le césium 137 était longtemps l’isotope radioactif principal mesuré dans les échantillons de viande de sanglier. Il est particulièrement instable et émet un rayonnement gamma extrêmement dangereux. Sa demi-vie est d’environ 30 ans, ce qui signifie que la moitié de la matière se désintègre naturellement au bout de 30 ans. Cependant, dans la chair des sangliers bavarois, les niveaux de rayonnement sont restés presque constants 40 ans après la catastrophe.

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Alors, qu’est-ce qui explique ce paradoxe des sangliers radioactifs ?

Des études sur le terrain ont été entreprises pour résoudre ce mystère. Les chercheurs ont non seulement analysé les tissus des animaux, mais aussi des échantillons de sols à proximité des centrales nucléaires. Cependant, ces enquêtes n’ont pas apporté de preuves solides de contamination radioactive significative chez les sangliers. Au contraire, ces résultats ont été utilisés pour remettre en question la réalité des sangliers radioactifs et considérer ce phénomène comme un mythe. Toutefois, une étude plus récente a révélé que la proportion de césium 137 était faible, et que les sangliers contenaient en réalité du césium 135, plus difficile à détecter et doté d’une demi-vie plus longue.

L’explication réside dans le fait que les sangliers portent les séquelles d’événements antérieurs à l’accident de Tchernobyl, à savoir les essais d’armes nucléaires des années 1960. Le césium a atteint les sangliers à travers les truffes de cerf, des champignons souterrains ressemblant à des boules qui sont très appréciés par les sangliers. Le césium s’y est accumulé et a ensuite contaminé les sangliers, contrairement aux cervidés qui n’en consomment pas.

Le césium se déplace très lentement à travers le sol, parfois à un rythme d’un millimètre par an. Les truffes de cerf se trouvent à des profondeurs de 20 à 40 centimètres, et c’est pourquoi elles n’ont commencé à absorber le césium libéré à Tchernobyl que récemment.

Cet étonnant refuge pour la biodiversité

Il est surprenant de constater que la région de Tchernobyl, souvent considérée comme une zone dépourvue de vie en raison de la persistance des radiations, abrite aujourd’hui des ours bruns, des bisons, des loups, des lynx, des chevaux de Przewalski et plus de 200 espèces d’oiseaux.

Cela montre que la faune est beaucoup plus résistante aux radiations que ce que l’on pensait à l’origine. Les animaux présents dans la région ont également évolué et se sont adaptés à leur environnement. Certaines espèces d’insectes ont une durée de vie réduite et sont plus susceptibles aux parasites dans les zones à forte radiation. Certains oiseaux présentent des altérations de leur système immunitaire, et il y a une plus grande incidence d’animaux albinos. Cependant, ces facteurs n’affectent pas la viabilité des populations animales. Il convient également de noter que les anomalies génétiques et les mutations observées chez les sangliers existent naturellement en dehors de toute contamination radioactive.

En résumé, plus de 2 200 kilomètres carrés en Ukraine et 2 600 kilomètres carrés dans le sud du Bélarus ont été déclarés impropres à la vie humaine en raison de la présence de substances radioactives. Cependant, les récentes périodes de confinement dues à l’épid

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